Les réseaux d'échanges réciproques de savoirs.
CoursOutils transverses

Laïcisation des savoirs

Daniel Hameline , professeur à la Faculté de psychologie et de sciences de l'éducation de l'Université de Genève, le souligne : les réseaux participent d'une triple laïcisation des savoirs .

  1. Echangés en parité, non marchands, non hiérarchisés entre eux, ils sont désacralisés. Chacun y a droit, peut s'essayer à les acquérir, les construire, les apprendre, les transmettre, les partager, les exposer, les pratiquer. L'affirmation du droit à l'essai/erreur non seulement comme droit en terme de justice mais aussi en terme de justesse (on n'apprend toujours que par essai/erreur) est un des moyens de cette désacralisation. De même que la juxtaposition, dans les listes des offres et demandes, dans les pratiques d'échanges, dans les échanges sur les échanges, de savoirs que l'on a peu l'habitude de voir cohabiter.

  2. Dans le même mouvement, les clercs sont laïcisés : la cléricature omnipotente et sclérosée des détenteurs de savoir est pulvérisée par un système dans lequel chacun sait quelque chose et peut le transmettre, ces savoirs étant ainsi offerts à la “ réinterprétation profane du message sacré ” (ici les savoirs eux-mêmes et leurs modes d'obtention et de reconnaissance sociale).

  3. Enfin, ces savoirs s'affranchissent des définitions de l'humain “ prêtes à porter ”, “ prêtes à penser ” sécrétées par les hiérarchies, les cultures dominantes des églises et des classes politiques. « L'humain passe l'humain ». Ce qui peut humaniser comme ce qui peut déshumaniser est interminable. C'est le trajet de chacun qui peut permettre de compléter et ce qu'est l'humain et les définitions proposées. Et chacun est habilité à y contribuer.

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