Les réseaux d'échanges réciproques de savoirs.
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Les savoirs dont nous avons besoin ? les savoirs émergents ?

Une “ bonne ” économie des savoirs serait celle qui mettrait au centre du débat politique la question des savoirs dont nous avons tous besoin maintenant pour vivre, vivre ensemble, participer aux débats démocratiques, continuer à apprendre, être responsable, être créatif dans son emploi.

Pour comprendre les mutations de notre société ou pour nous permettre de nous situer au quotidien face aux situations où nous sommes directement impliqués - vache folle, clonage, accidents industriels, climatiques, etc.-, les savoirs ou repères anciens ne sont plus valables, et les citoyens cherchent désespérément des réponses auprès des experts. Mais nombre d'événements récents montrent que dans certaines situations "nouvelles", les savoirs experts atteignent rapidement leurs limites. Il est bien difficile, voire impossible, pour les scientifiques de réduire toute incertitude. Parfois même, aucun savoir de référence ne peut être mis en avant, aucune approche, notamment quand elle demande des compétences interdisciplinaires, n'existe.

De même, les individus se trouvent confrontés au quotidien avec des questions pratiques ou plus fondamentales, notamment en matière d'économie, de démocratie, pour lesquelles on ne trouve dans la société aucun consensus.

La plupart de ces savoirs que sous-tendent ces questions contemporaines sont non formulés, et par conséquent non codifiés par les dispositifs institutionnels ou pédagogiques. Dans certain cas, on peut trouver des " embryons " de savoirs ; c'est le cas par exemple, en matière de gestion de conflit, de sélection d'informations à travers un moteur de recherche, de mise en place d'une pragmatique, d'élaboration d'écobilan ou d'évaluation de la qualité d'une donnée. Il s'agit de mieux les affiner et les partager.

Toutefois certaines questions n'ont jamais fait l'objet d'investigations systématiques ou tout simplement de problématisation, de mise à plat, de confrontation un peu poussée. Par exemple, comment décider en matière d'incertitude ? On peut certes avancer le principe de précaution. Celui-ci est envisagé avec des connotations différentes, voire antagonistes, suivant les spécialistes. De même, les réseaux sont aujourd'hui privilégiés mais que veut dire "travailler, organiser ou encore décider en réseau" ? Comment faciliter les confrontations ? Comment prendre une décision ? Comment répartir les responsabilités ? Et qu'en est-il en matière "d'apprendre" dans la différence ?

Face aux mutations de nos sociétés, il faut donc des réponses pour réduire nos incertitudes.

  • Quels sont les aspects culturels (au sens “ des apprentissages ” nécessaires) des changements dans notre société, c'est-à-dire les aspects où le savoir est concerné ?

  • Quels savoirs sont nécessaires pour les citoyens en matière économique ? Où peuvent-ils apprendre à comprendre ou partager leur compréhension de la place et du rôle de l'économie dans les relations humaines ?

  • Quels savoirs sont nécessaires pour les citoyens face à la crise de l'environnement ? A celle de la démographie (on est passé, extrêmement vite de 2 à 6 milliards d'humains), à une crise éthique (face à de nouveaux savoirs, à des innovations technologiques, où et quand se donne-t-on le temps de décoder de ce que nous voulons en faire ? Sur quels points trancher de façon personnelle ou collective ? De quels savoirs avons-nous besoin pour intervenir dans le débat ?)

  • Les nouvelles technologies de l'information et de la communication doivent être partagées par le plus grand nombre. Comment ?

  • Comment affrontons-nous la nécessité de changements épistémologiques : nos façons de penser, nos cadres de références ont été élaborés par les Grecs, puis à la Renaissance, à un moment où le monde était quasi constant. Le monde actuel est global, complexe, incertain, paradoxal, évolutif. Mais nous n'avons pas les façons de penser pour aborder ce monde.

Il nous faut apprendre à penser les changements et leurs conséquences des sciences et des technologies dans l'environnement, de l'évolution de la démographie ; et ce pour le respect d'une éthique des droits de l'homme et des progrès scientifiques. »

L'ignorance et le manque peuvent-ils être des valeurs ? Faire valeur ? A quelles conditions ? (page suivante)Une éthique des savoirs (page Précédente)
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