Les réseaux d'échanges réciproques de savoirs.
CoursOutils transverses

Usagers ou citoyens ? Y compris dans l'économie solidaire ?

La créativité sociale ne pourrait-elle s'appliquer à ces catégorisations figées qui enferment l'autre (personne ou groupe) dans une image sociale qui le fige ? De plus, parité et réciprocité sociales ne pourraient-elles aider à sortir de jugements meurtriers, aider à percevoir les véritables lieux d'inventivité sociale, entre autres ces lieux où, affrontés à des contraintes fortes, on est bien obligé d'essayer (et ce sont souvent des quartiers où se vit la relégation).

La capacité d'opérer des agencements inattendus et de découvrir des itinéraires qui ne soient pas tracés à l'avance , peut-elle s'appliquer à un collectif, groupe social, association ou réseau ? Y compris pour qu'ils considèrent autrement, et en particulier autrement que des usagers, tous ceux qui les constituent ? Pour peut-être commencer à sortir d'une logique seulement utilitariste ?

Peut-on n'être qu'usager d'un service, d'une institution, d'un dispositif, d'une organisation ?

Comme s'il était possible que des lieux sociaux soient exclusivement déterminés par l'utilité individuelle immédiate !

Ce qui m'est utile individuellement et immédiatement :

  • ne pourra jamais évoluer si je suis seulement utilisateur.

  • ne peut me construire ou (déconstruire) que comme consommateur ; ne peut donc que me limiter.

  • ne peut jamais me permettre d'enrichir mes perspectives sur le réel présent, et même sur le l'utilité remise en perspectives.

  • m'empêche d'entrer dans des démarches solidaires. Statut d'usager et solidarité ne sont-ils pas incompatibles ? La solidarité active nécessite des "co-responsables", des "co-créateurs, des "concitoyens".

La notion d'usagers n'est-elle pas en train de se rétrécir. L'utilisateur est plutôt devenu un "consommateur". L'usager devient de plus en plus celui qui est objet de travail pour d'autres, professionnels du travail social, responsables d'institutions, responsables politiques.

Ce développement relativement nouveau d'un statut attribué et/ou choisi d'usagers n'est-il pas "diabolique" (ce qui sépare). La dynamique symbolique (ce qui rassemble) sert à ce que les humains se relient, travaillent ensemble d'une façon féconde, c'est-à-dire créatrice. Or l'une des bases de la dynamique symbolique est le narcissisme... "Le narcissisme, c'est ce qui permet de vivre. Quelque chose où s'étaye le désir... c'est quand on dit "qu'on vaut encore le coup. Comment alimenter suffisamment son capital narcissique lorsque, à la fois comme individu et au niveau des "Nous" auxquels on appartient, on est figé dans des catégories dont ceux qui les délimitent ne voudraient pas pour eux-mêmes : exclus, défavorisés, usagers.

Convives plutôt qu'usagers : (page suivante)Les RERS postulent que les plus grandes richesses d'une société sont les personnes. (page Précédente)
AccueilImprimer Claire HEBER-SUFFRIN creativecommons : by-nc-ndRéalisé avec SCENARI