L'ACV APPLICATION AUX MATÉRIAUX ET ÉLÉMENTS DE CONSTRUCTION

L'ACV des bâtiments

Contexte

L'ACV s'est appliquée au bâtiment, notamment car c'est l'outil le plus scientifique, normé et consensuel permettant l'évaluation environnementale. Les normes génériques (14040 et 14044) ont rapidement servi de support pour une adaptation plus spécifique aux matériaux (type NF-P 01-010 pour la réalisation de FDES[1]).

La diminution des impacts des bâtiments à l'utilisation (via l'amélioration de l'isolation et des équipements) rend la part des impacts liée aux matériaux de plus en plus importante. Ainsi plus le bâtiment diminuera son impact à l'utilisation, plus le curseur pointera vers la production, c'est-à-dire que l'impact sera déplacé vers les matériaux qui seront utilisés pour le mettre en œuvre.

Objectif

En considérant la globalité du bâtiment (toutes ses étapes de cycle de vie), l'ACV permet d'identifier si les choix de conception sont optimaux non seulement pour l'utilisation mais aussi à la fabrication et la fin de vie (on évite les transferts de pollution). Elle permet aussi de vérifier si la combinaison de matériaux n'altère pas la recyclabilité en fin de vie. C'est au moment de l'étude projet que tout se décide.

L'ACV d'un bâtiment a pour avantage de valider des choix constructifs et d'équipements en considérant la globalité du bâtiment sans se focaliser uniquement sur les performances économiques et techniques telles que le chauffage et l'isolation.

Grâce à l'ACV, on est amené à se poser de nouvelles questions sur les matériaux du bâtiment. Par exemple l'association plâtre/bois rend difficile leur valorisation en fin de vie.

Principes

L'ACV d'un bâtiment peut être sur des usages très différents : habitation, loisir, bureau, enseignement, hôtellerie, restauration ...

 

Performance environnementale des bâtiments tertiaires : Comparaison du cycle de vie des bâtiments, en béton et en acier, étude de cas

L'ACV de bâtiments est très complexe car :

  • Elle fait intervenir un grand nombre d'acteurs, de composants et sur une longue durée de vie. Il est donc difficile d'avoir des informations 100% fiables. Afin de faciliter l'évaluation de la partie conception (choix des matériaux et mise en œuvre), l'évaluateur fera appel aux ACV existantes des matériaux et équipement qui composent le bâtiment (L'approche matériaux).

  • Les options constructives sont quasi infinies. Il est alors délicat de réaliser une ACV de chaque choix possible lors de l'avant projet. Il convient alors de simplifier l'analyse lors de la phase exploratoire du projet pour obtenir des ordres de grandeur sans accorder trop d'importance aux écarts marginaux. Cela permettra d'orienter succinctement les choix constructifs. Lorsque les principaux choix auront été arrêtés, on pourra utiliser l'ACV en phase de conception du projet avec des choix constructifs moins nombreux.

  • Il est difficile d'estimer la durée de vie du bâtiment, ou de dire s'il subira une réhabilitation plutôt qu'une destruction, ou un changement de destination, dans 50, 100, 130 ans ... En conséquence il est aussi difficile d'évaluer la fin de vie du bâtiment. On se base alors en général sur les données contemporaines à l'étude. La différence avec des produits de faible durée de vie comme un sèche-mains, est qu'il est plus facile de définir son scénario de fin de vie dans 5 ans que un scénario de fin de vie dans 100 ans. Les incertitudes à 5 ans sont beaucoup plus faibles qu'à 100 ans.

    Le graphique ci-dessous montre bien que les durées de vie sont très variables, même d'un pays à un autre. En France, près de 80% des maisons ont plus de 30 ans alors qu'au Portugal elles ne représentent que 55%. Certains bâtiments sont faits pour durer des siècles et d'autres non.

Graphique montrant les différente tranches d'âges des habitations entre les pays de l'Union Européenne en 2004.
Répartition par tranche d'âge des maisons au sein de l'Union EuropéenneInformationsInformations[2]
  • L'ACV du bâtiment pose des questions sur l'impartialité. En effet, elle est souvent réalisée ou commandée par le concepteur du bâtiment ; il faut donc faire attention car il est à la fois le demandeur des résultats tout en étant le fournisseur des données (par exemple c'est lui qui indique quels matériaux vont être sélectionnés), ce qui dans certains cas peut être conflictuel.

  • La définition de l'unité fonctionnelle et des limites de l'étude doit être choisie avec attention, en tenant compte de l'utilisation du bâtiment (habitations, bureaux ...). Les unités fonctionnelles et les champs d'études sont donc complexes et très variables d'un projet à un autre (prend-on en compte les déplacements, les consommables utilisés dans le bâtiment comme le papier, ou l'imprimante dans le tertiaire ?). Il faut donc bien cadrer les objectifs de l'étude.

  • Il faut une grande rigueur pour limiter les incertitudes sur les résultats.

Remarque

L'ACV est actuellement en train de se développer vers des ACV de quartiers :

Résultats du projet Coimba, approche ACV quartier et projet EnerbuiLCA
  1. FDES : Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire

  2. National Board of Housing, Building and Planning, Sweden & Ministry for Regional Development of the Czech Republic (Ed.) : Housing Statistics in the European Union 2004. Boverket & MMR 2005. Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage des Conditions Initiales à l'Identique

  3. Analyse du cycle de vie - Utilisation dans le secteur de la construction

    CHEVALIER, J. Analyse du cycle de vie - Utilisation dans le secteur de la construction. Techniques de l'ingénieur, avril 2009.

  4. ENSLIC BUILDING Energy Saving through Promotion of LCA in Buildings - Guidelines for LCA Calculations in Early Design Phases
  5. Aide aux choix de conception de bâtiments économes en énergie.

    TROCME, M. Aide aux choix de conception de bâtiments économes en énergie. Thèse en énergétique. Mines ParisTech, 2009.

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