Les bases de données
Les bases de données représentent les sources utilisées par les logiciels d'ACV pour calculer les impacts environnementaux potentiels d'un produit ou d'un service. Ce sont des fichiers tableurs dans lesquels sont stockées toutes les informations concernant les données enregistrées lors de leur conception.
On distingue trois composantes principales dans la composition d'une base de données :
Les matériaux, qui représentent la matière première des processus de fabrication (produits chimiques, métaux, matière primaire minérale et plastique, papier, biomasse, matériaux biologiques).
Les process de production qui engendrent des impacts par les consommations énergétiques nécessaires à la transformation des matières premières ou pour le traitement des déchets (incinération, déposition, assainissement). Les Inventaires de Cycle de Vie pour l'énergie sont souvent réalisés selon leur provenance et type (électricité, pétrole, charbon, gaz naturel, biocarburants, bioénergie, hydro-électricité, nucléaire, solaire, éolienne, biogaz).
Le transport de mise à disposition (trafics routier, ferroviaire, aérien, maritime). Très souvent les usines ne sont pas localisées à côté des sites d'extraction de matières ou de production d'énergie. L'acheminement des énergies nécessite des infrastructures et celui des produits nécessitent des étapes supplémentaires de transport afin de réaliser les assemblages finaux ou de faire subir aux produits d'autres transformations intermédiaires. Le transport vers le site de vente ainsi qu'éventuellement le transport du magasin au domicile du client doivent être quantifiés également. En proposant des bases de données dans lesquelles les divers modes de transport sont identifiés clairement, on peut prendre en compte les consommations énergétiques liées au déplacement des produits à divers stades du cycle de vie.
Remarque :
On peut se poser également la question de l'intégration des étapes d'utilisation et de fin de vie dans la base de données, afin d'obtenir une structuration basée sur les étapes du cycle de vie du produit. Compte tenu du fait que lors de ces deux étapes on engendre des impacts liés aux consommations énergétiques déjà intégrées il n'est pas nécessaire de les distinguer séparément.
Des nombreuses bases de données existent actuellement sur le marché. Elles sont structurées selon des critères plus ou moins adéquats et importants. On peut trouver par exemple des classifications par type d'industrie ou par type de produit. Ou encore selon des critères comme les fonctionnalités ou l'utilisation (voir les exemples proposés ci-après pour le domaine des matériaux plastiques).
La mise en place des bases de données est coûteuse et nécessite beaucoup de travail. Une fiche matériau est elle-même une Analyse du Cycle de Vie pour laquelle il faut parfois travailler en équipe et mobiliser des spécialistes de divers domaines (notamment la chimie et la biologie) sur plusieurs mois afin d'identifier avec précision la liste de substances rentrant dans la composition du matériau étudié, grâce à laquelle les impacts peuvent être calculés. Le regroupement des intrants et des sortants au sein d'une fiche est fait selon leur appartenance aux milieux naturels qui nous entourent, c'est-à-dire l'eau, l'air et le sol.
Certaines bases de données sont actualisées et mises à jour en continu par des industriels regroupés par branche (automobile, industrie agro-alimentaire, électronique, etc.). Grâce au travail très coûteux de recueil de données et d'évaluation des impacts, l'utilisation de ces bases de données est très souvent payante. Ceci est dommageable car ça restreint pour beaucoup d'utilisateurs l'accès aux données nécessaire pour réaliser des ACV et les amène à faire des hypothèses simplificatrices par lesquelles il est parfois possible d'évaluer l'impact environnemental de certains produits ou services de façon non correcte.
Exemple :
L'association européenne de commerçants de l'industrie des plastiques (Plastique Europe) produisant environ 90 % des polymères dans les états de l'Union Européenne (et d'autres états non-membres) propose sur son site Internet des bases de données regroupées selon l'organigramme de leur production (dans lequel on retrouve les composants chimiques rentrant dans la composition des plastiques) ou encore dans le cadre d'un listing alphabétique.
Exemple :
Outre les bases de données classiquement associées aux logiciels d'Analyse du Cycle de Vie, on retrouve des bases de données associées à des outils permettant de calculer par exemple l'empreinte eau. Une des plus connues bases de données de ce type est "quantis water database", associée au logiciel "Quantis SUITE 2.0".
Exemple :
Certaines bases de données spécifiques à certains secteurs d'activités ont été développées. C'est le cas de la base de données INIES[4] en France, base de données publique et nationale de référence des caractéristiques environnementales et sanitaires des produits de construction qui a été créée en 2004. Le fonctionnement de la base INIES est régi par un protocole signé par les Ministères en charge de l'environnement, du logement, de la santé et de la culture ainsi que par l'Ademe, l'AIMCC, l'Anah, la Capeb, le CNOA, le CSTB, la FFB, Qualitel et l'USH.
INIES constitue un cadre formel pour la mise à disposition des Déclarations Environnementales et Sanitaires[5] relatives aux produits de construction, réalisées par les professionnels (fabricants, associations de fabricants ou syndicats de fabricants) conformes à la norme NF P 01-010[6].
