MÉTHODOLOGIE DE l'ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV)

Les méthodes orientées dommages et la quantification des impacts finaux (end-point)

Les méthodes orientées dommages ont pour principale vocation de regrouper les impacts en fonction des résultats dans la chaîne de cause à effet, raison pour laquelle on qualifie ces méthodes à l'aide du qualificatif "end-point". Leur principal avantage réside dans la capacité de montrer plus clairement l'impact. Ainsi, au lieu de parler d'émissions de gaz de type SACO[1] (comme les CFC[2]), les catégories d'impact vont quantifier l'impact comme le dommage sur la santé humaine (cancers, cataractes, etc.).

Il est toutefois très difficile de suivre la chaîne de cause à effet, notamment dans le domaine biologique, en raison des durées importantes et du fait que la chaîne de causalité n'est pas toujours clairement connue. Par conséquent, les méthodes orientées problèmes seront souvent préférées. De plus, il est toujours possible de dériver les dommages finaux à partir des effets de premier ordre obtenus par les méthodes orientées problèmes.

La caractérisation des dommages permet d'évaluer la contribution des impacts mid-point à une ou plusieurs catégories de dommages sur un sujet à protéger. Jolliet et al., dans Analyse du cycle de vie - comprendre et réaliser un éco-bilan[3] et IMPACT 2002+: A New Life Cycle Impact Assessment Methodology[4] proposent de quantifier les dommages engendrés par unité des différentes substances de référence (facteurs de caractérisation des dommages) et de les multiplier par les scores d'impacts intermédiaires, ce qui donne par somme le score de caractérisation des dommages pour chaque catégorie :

avec :

  • le score de caractérisation de dommages pour la catégorie d

  • le facteur de caractérisation de dommages reliant la catégorie intermédiaire i à la catégorie de dommages d

Par rapport aux quatre catégories de dommages prises en compte dans les méthodes end-point, les résultats pouvant être obtenus sont respectivement :

  1. Les facteurs de dommages sur la santé humaine transforment les kg de substance équivalente en années de vie perdues (DALY[5]).

  2. Les dommages sur la qualité des écosystèmes permettent d'évaluer la fraction d'espèce disparue sur un m2 durant une année.

  3. Les unités de dommages des catégories "acidification" et "eutrophisation aquatique" ainsi que le "changement climatique" sont identiques aux unités de score mid-point (intermédiaires)

  4. Pour ce qui concerne les ressources, les scores intermédiaires sont transformés en MJ/unité extraite, représentant l'énergie additionnelle devant être utilisée dans le futur à cause de la baisse des quantités de minerai dans les mines

Il est très intéressant de garder séparées les contributions à l'impact global de chacune des catégories intermédiaires. Par exemple, le score de dommages en santé humaine peut s'exprimer comme la somme des dommages générés par les polluants provoquant des effets respiratoires, les substances cancérigènes, etc.

Plusieurs méthodes de caractérisation des dommages existent, une des plus utilisées est celle appelée Eco Indicator 99. Actuellement, cette méthode a été remplacée par la méthode connue sous le nom ReCiPe. Le but de ces méthodes est de calculer trois catégories d'impacts end-point (ou aires de protection), respectivement la santé humaine, la qualité des écosystèmes et les ressources.

Exemple

La méthode IMPACT 2002 + est également une méthode de quantification de type "end-point". On effectue grâce à cette méthode la caractérisation des dommages compte tenu de la possibilité d'agréger les impacts en quatre catégories distinctes, respectivement :

  • les impacts sur la santé humaine : destruction de la couche d'ozone stratosphérique, radiations ionisantes, effets respiratoires et effets cancérigènes et/ou non-cancérigènes,

  • les impacts sur la qualité des écosystèmes terrestres (écotoxicité et acidification), aquatiques (acidification, écotoxicité et eutrophisation) ainsi que l'occupation des sols,

  • les impacts sur le changement climatique dus à l'effet de serre additionnel,

  • l'utilisation des ressources, en termes d'extraction de minerais et des énergies non renouvelables ( Jolliet et al.[3]).

  1. SACO : Substances Appauvrissant la Couche d'Ozone

  2. CFC : Chlorofluorocarbures

  3. Analyse du cycle de vie – comprendre et réaliser un éco-bilan

    JOLLIET, O., SAADE, M., CRETTAZ, P., SHAKED, S. Analyse du cycle de vie – comprendre et réaliser un éco-bilan, 2ème édition mise à jour et augmentée. Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, 2010.

  4. IMPACT 2002+: A New Life Cycle Impact Assessment Methodology

    JOLLIET, O., MARGNI, M., CHARLES, R., et al. IMPACT 2002+: A New Life Cycle Impact Assessment Methodology. The Intl. Journal of Life Cycle Assessment, 2003, Vol. 8, no 6, pp. 324 – 330.

  5. DALY : Disability Adjusted Life Years

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