MÉTHODOLOGIE DE l'ANALYSE DU CYCLE DE VIE (ACV)

Limites, potentialités et applications de l'ACV

Une Analyse de Cycle de Vie ne couvre pas l'ensemble de la problématique environnementale, seuls les aspects quantitatifs (mesurables) et extensifs (sommables) étant pris en compte : on parle dans ce cas de comptabilité environnementale.

Ne sont pas considérés de façon directe dans les ACV, selon la méthodologie actuellement en vigueur (et malgré le fait que certains sont mesurables), des aspects comme :

  • l'impact des activités sur les paysages,

  • le bruit,

  • les odeurs,

  • le temps,

  • la toxicité des produits émis (incertitudes importantes).

Il est toutefois possible d'aborder ces aspects au moyen d'outils complémentaires et grâce aux évolutions en cours des modèles, qui permettront l'introduction des nouveaux paramètres pour le calcul des impacts (selon Jolliet et al., ces aspects n'étant pas encore bien fixés, ils suscitent encore des débats).

Une autre difficulté concerne l'interprétation des résultats d'une Analyse du Cycle de Vie et ceci ne touche pas uniquement le cercle des spécialistes concernés. Ces aspects doivent être particulièrement soignés, ainsi que leur communication.

Outre les limites conceptuelles précédemment énoncées, des limites pratiques peuvent également apparaître pour la réalisation d'une ACV. A titre d'exemple on cite ici la disponibilité des données et surtout leur collecte qui est très lourde, parfois même impossible à faire. Aussi les résultats peuvent-ils être influencés (de manière volontaire ou involontaire) par les choix faits par la personne qui a réalisé l'étude en ce qui concerne les hypothèses ou les méthodes d'analyse des impacts. La raison peut être une mauvaise connaissance par exemple de l'importance des impacts ou des différences de sensibilité aux diverses échelles géographiques. Pour plus de détails concernant les aspects précédemment évoqués, se référer à Jolliet et al.[1]

Notons enfin que le public plus large commence à appréhender les différentes problématiques liées à l'environnement et ceci suscite également de nombreuses interrogations et insatisfactions. Parmi les questions les plus débattues Boeglin et Veuillet[2] citent :

  • A quoi sert une ACV si on ne sait pas trancher au final ?

  • Vaut-il mieux améliorer tel ou tel critère ?

  • Entre l'effet de serre ou les déchets nucléaires, que choisir ?

  • Dois-je polluer l'eau en nettoyant mes emballages pour favoriser leur recyclage ?

Actuellement il n'y a pas de consensus sur une méthode à vocation générale permettant d'appréhender de manière satisfaisante les résultats multicritères d'analyses environnementales en vue de relativiser ou hiérarchiser l'importance des différents impacts générés.

En ce qui concerne les potentialités d'une Analyse du Cycle de Vie, en raison du grand nombre d'informations fournies par ce type d'étude, elles sont très nombreuses. L'Analyse du Cycle de Vie s'intégrant dans le cadre méthodologique de l'éco-conception qui s'appuie également sur la philosophie "cycle de vie" (provenant de l'anglais : "life cycle thinking"), certains principes (associés parfois aux étapes du cycle de vie) ont été définis en ce contexte par Jolliet et al.[1], respectivement :

  • dématérialiser : ne pas concevoir des produits mais des services (économie de la fonctionnalité),

  • réduire au maximum les matériaux pour obtenir la même fonction : minimiser leur diversité et les déchets, utiliser les matériaux recyclés et supprimer les toxiques. Ce principe s'applique notamment à l'étape de fabrication du produit,

  • réduire la consommation d'énergie, principalement durant la phase d'utilisation,

  • concevoir un produit réutilisable, démontable et recyclable. C'est l'étape de fin de vie qui est concernée ici, surtout dans des situations de production des quantités importantes de déchets toxiques.

Exemple

L'utilisation des déchets des coproduits coquilliers (environ 200 000 tonnes par an) est envisagée pour la réalisation des pavés, ce qui favorisera l'infiltration des eaux fluviales in-situ.

Potentialités d'une ACV : des coquilles Saint-Jacques transformées en pavés.

En termes d'application, l'Analyse du Cycle de Vie est utilisée notamment pour l'étude et l'obtention des labels des produits dont l'objectif principal est de favoriser les produits qui, à valeur d'usage et qualité égales, ont l'impact global jugé le plus faible sur l'environnement à tous les stades de leur vie.

Les diverses applications possibles de l'Analyse du Cycle de Vie sont respectivement :

  • l'éco-conception des produits et des procédés, avec la prise en compte de l'environnement dès leur conception,

  • la sélection (le choix) du produit ou du procédé le plus respectueux de l'environnement parmi plusieurs solutions proposées (en comparant leurs cycles de vie),

  • l'amélioration d'un produit ou procédé par observation des points faibles pour l'environnement durant son cycle de vie,

  • la gestion d'un procédé par son suivi et son contrôle en le comparant à une situation de référence ou à des résultats escomptés,

  • la proposition de réglementations concernant l'environnement par comparaison d'ACV de plusieurs procédés rendant le même service.

  1. Analyse du cycle de vie – comprendre et réaliser un éco-bilan

    JOLLIET, O., SAADE, M., CRETTAZ, P., SHAKED, S. Analyse du cycle de vie – comprendre et réaliser un éco-bilan, 2ème édition mise à jour et augmentée. Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, 2010.

  2. Introduction à l'Analyse du Cycle de Vie (ACV)

    BOEGLIN, N., VEUILLET D. Introduction à l'Analyse du Cycle de Vie (ACV). ADEME, Mai 2005, Notice de synthèse externe.

  3. Analyse du cycle de vie.

    ROUSSEAUX. Analyse du cycle de vie. Techniques de l'Ingénieur G5500, 2005.

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