Analyse de l'inventaire

On présente ici les procédures liées à la phase d'Inventaire du Cycle de Vie.

La définition des objectifs et du champ de l'étude (périmètre) permet de définir le « programme » à mettre en œuvre pour l'Inventaire du Cycle de Vie (ICV^[1]) d'une ACV^[2]. On parle de plan d'inventaire. Lors de la mise en œuvre de ce plan d'inventaire, on doit s'assurer du suivi des étapes opérationnelles reprises de manière synthétique dans la figure ci-après.

Recueil des données

L’inventaire du Cycle de Vie (ICV^[1]) est la phase de l'ACV^[2] au cours de laquelle on répertorie les flux entrant dans le système (intrants) et ceux qui en sortent (extrants).

Qualité des données et base de données

Pour s'assurer de la qualité des données, il faut collecter les données sur lesquelles il y a le moins d'incertitudes possible (l'analyse qui en sera faite dépend très largement de la qualité des données).

Pour cela, on a trois possibilités, qui ne sont d'ailleurs pas exclusives les unes des autres :

• On recueille des données « terrain » fournies par les producteurs, les fournisseurs, les sous-traitants, etc.

• On utilise les données trouvées dans la littérature ad hoc, comme les rapports d'ACV^[2], des rapports spécifiques d'institutions reconnues, l'intérêt étant que ces données sont généralement « validées » par des experts du domaine.

• On a recours à des bases de données qui permettent notamment de déterminer des flux à partir de processus élémentaires identifiés (par exemple pour la production d'électricité du fait du mix énergétique, la production de produits chimiques de base, des technologies courantes, etc.).

Cette partie détaille le logigramme simplifié du plan d'inventaire repris dans le schéma ouvrant ce chapitre.

Recueil des données

Les données doivent être recueillies pour chaque processus élémentaire qui se trouve à l'intérieur des frontières du système, telles que décrites dans la phase 1 de la méthodologie ACV^[2].

Lorsque les données proviennent de sources publiques, ces sources doivent être citées en vertu du principe de transparence inhérent à une étude ACV^[2]. De même, il faut consigner la méthodologie de récolte des données, l'époque à laquelle elles ont été recueillies, ainsi que toute information permettant d'apprécier leur qualité.

Afin d'éviter un double comptage des données, ce qui induirait une mauvaise interprétation des résultats, il faut décrire précisément chaque processus élémentaire et les données qui lui sont associées. Pour cela, on utilise parfois une nomenclature.

Dans tous les cas, il faut être le plus clair possible dans la consignation des informations relatives à l'étape d'ICV^[1]. La meilleure façon d'y parvenir est de mettre en place a minima plusieurs mesures.

• Le diagramme des flux est une manière de schématiser et de décrire les flux correspondant à chaque processus élémentaire.

• Il faut décrire chaque processus élémentaire et préciser les facteurs qui influencent les intrants et les extrants.

• Il faut décrire précisément la méthodologie utilisée pour la récolte des données.

• Une liste claire des flux et données pertinentes, pour chaque processus élémentaire, doit être établie.

• Une liste des unités utilisées pour les données doit être fournie (cela évite des erreurs dans le report des valeurs si, par exemple, l'énergie est donnée en Joules pour un processus élémentaire et en kWh pour un autre).

Cela conduit notamment à une classification des données liée à la nomenclature qui se fait conformément à la norme ISO 14044 (avec possibilité de regroupement de certaines des catégories ci-après) :

• intrants énergétiques ;

• intrants de matières premières ;

• intrants auxiliaires ;

• autres intrants physiques ;

• produits ;

• co-produits ;

• émissions dans l'eau, l'air et le sol ;

• déchets ;

• autres aspects environnementaux.

Il est alors « aisé » de répertorier les données individuelles relatives à chacune de ces catégories, évidemment en relation avec les objectifs et le champ de l'étude.

On trouvera un exemple simplifié de « nomenclature » dans la fiche "ICV d'une cafetière standard" relative à une étude de cas.

Calcul des données

Le calcul des données fait l'objet de modes opératoires qui doivent être clairement décrits et documentés.

• Validation des données.

Il faut réaliser un contrôle de la validité des données au cours de la phase de récolte des données, et fournir la preuve de leur qualité relativement aux objectifs et au champ de l'étude.

• Rattachement des donnés aux processus élémentaires.

Sur la base du diagramme des flux réalisé et de la connaissance des flux entre les processus élémentaires, on rapporte l'ensemble des flux répertoriés au flux de référence, relativement à l'unité fonctionnelle. Cette étape fait appel à la notion d'agrégation des données.

• Affinage de la frontière du système et analyse de sensibilité.

Du fait du caractère itératif de la méthodologie ACV^[2], il convient d'affiner les frontières du système suite à une analyse de sensibilité. Cela peut amener à éliminer des données inutiles parce que jugées non prépondérantes pour le système étudié, ou au contraire obliger à prendre en compte des données qu'on aurait initialement « éliminées » et dont l'importance serait finalement démontrée.

Cette analyse de sensibilité permet de traiter uniquement les données dont l'importance a été actée au regard des objectifs de l'étude.

Règles d'affectation

Il convient de mettre en place des règles d'affectation dès lors que le système étudié remplit plusieurs fonctions et/ou que le système étudié comprend des processus qui sont partagés par plusieurs systèmes.

Ce type de situation, qui arrive rarement dans le cas des appareils électroménagers, n'est pas traité ici.

Parmi les règles d'affectation, celles relatives à la réutilisation et au recyclage sont spécifiques et doivent faire l'objet d'une méthodologie particulière qui n'est pas reprise dans la présente ressource.

Pour plus de détails sur les questions d'affectation, on se référera à la ressource ACVBAT ou à la norme ISO 14044.

Critères de coupure

Lors de la récolte des données, il est parfois possible de négliger certains flux en fonction de critères à établir et à consigner : ces règles de coupures permettent de simplifier les calculs au travers de règles d'inclusion ou d'exclusion.

Évidemment, ces critères de coupure dépendent du niveau de détail souhaité pour l'étude, lui même en rapport avec l'objectif et le champ de l'étude.

Ces critères de coupures sont souvent basés sur des règles de masse.

Par exemple, en ce qui concerne l'énergie, on peut décider de négliger l'énergie qui entre en jeu dans la fabrication d'un élément spécifique d'une cafetière (ex. une gaine tissée isolante de 2 cm et de moins d'un gramme) au regard de la totalité de l'énergie utilisée dans le cycle de vie de la cafetière.

ISO 14040:2006, Management environnemental – Analyse du cycle de vie – principe et cadre , International Organization for Standardization, 2006.

ISO 14044:2006, Management environnemental – Analyse du cycle de vie – exigences et lignes directrices, International Organization for Standardization, 2006.

O. Jolliet, M. Saadé, P. Crettaz, S. Shaked, Analyse du cycle de vie – comprendre et réaliser un écobilan, Presses Poytechniques et universitaires Romanes, 2è édition, 2010.

www.ecoinvent.ch

P. Schliesser, Pratique de l'éco-conception en 53 outils, Dunod 2012

ACVBAT http://stockage.univ-valenciennes.fr/MenetACVBAT20120704/acvbat/accueil/co/acvbat_010_accueil.html